me...mi...io...moi...mwen

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blissing of introspection

mercredi 20 juillet 2011

ANTAGONISTE

Aujourd’hui je me suis fait face. Pendant 3 heures j’étais enfermée avec moi même dans un studio de danse. Face au miroir, salle vide, mon corps, mon inspiration et moi.

ENFER-mée, je ne peux m’empêcher de penser à l’étymologie de ce mots. Je n’ai aucun souvenir de mes cours de latin, mais en écrivant, je vois bien que plus la moitié des lettres signifie quelque chose de très clair : enfer.

C’est vrai que le temps passer à créer, chorégraphier peut y ressembler. On trouve une succession de mouvements, puis elle nous échappe, et la revoici ! non…ça fonctionne toujours pas, ensuite ça marche, mais pas avec la musique, puis on reprend tout et on trouve ça moche ! On chiffonne la page, on en prend une nouvelle, on recommence à zéro.
Voilà mon après-midi…

Je crois sincèrement que la pratique de chorégraphie elle est là, dans le fait qu’après tout ça, demain on est devant la porte du studio, premier arrivé, on branche le ipod…et c’est reparti pour un tour !
Car créer des mouvements qui raconteraient une histoire, c’est toute une histoire ! il y a la partie qui veut que ce soit beau et garde les yeux river sur le miroir, pour savoir exactement à quoi ça ressemble, qui veut tout disséquer, et il y a celle qui connaît le récit, ne sait pas vraiment à quoi il ressemble mais seulement ce que ça fait de le faire. Pour celle-ci on pourrait être dans un hangar sans le moindre centimètre de miroir, ça n’aurait pas d’importance.

Alors me voici enfermée avec les deux parties de moi même en train de tenter d’aligner huit comptes !
Les divergences de mes deux parties ne s’arrêtent pas là d’ailleurs, une aime la beauté, l’autre la méprise. Pour la première c’est le paradis quand je lève ma jambe avec légèreté dans un parfait développé et ça donne à l’autre l’envie de HURLER. : « Pourquoi ?! y a t il une raison pour cet accès soudain de besoin de te prouver ta technique ?! »
Alors l’autre répond : « non, c’est pas que je veux prouver que je sais le faire…c’est que je veux le faire !! ». réponse : « bon d’accord, mais fait le bien, et fait le pour dire quelque chose alors ! ».

Voilà ce qui se passe dans ma tête alors que j’enchaine les musiques à la recherche d’inspiration :Baaba Maal, Magic Malik, Kako …les styles changent mes attitudes avec, mais je n’arrive toujours pas à me décider sur laquelle de mes deux parties est la plus pertinente.

Peut-être que c’est ce qui garde la tension dans le corps et le mouvement intéressant, le fait de vouloir utiliser sa technique (parce qu’on a bien transpiré à la barre pour l’acquérir quand même !) et de ne surtout pas vouloir se reposer sur elle (on cherche toujours plus que le mouvement, on veut son sens, sa poésie, sa logique, son absurde, son âme).

Donc moi et mes deux amies antagonistes allons retourner face au miroir demain , et peut être assisteront nous au miracle tant attendu : le moment où tout ne fait plus qu’un, tout le monde tombe d’accord, les mouvements deviennent mots, notes, le corps parle, la chorégraphie s’écrit.

Bliss*Ca.Dé*