
Deux heures du matins vont bientôt sonner. La moitié du mois a déjà filé.
On se rend compte que s’attarder sur sa vie est la plus grande des sottises, car la vie elle ne s’attarde pas sur nous.
J’aime à commencer une journée avant que la précédente ne se soit achevée.
J’ai l’impression de prendre de l’avance.
De l’avance, je cracherais pas dessus, surtout que ce mois file à une vitesse!
Avant j’avais trop de temps, maintenant pas assez…voilà encore une autre sottise humaine: l’insatisfaction à toute épreuve.
En tous cas en cette heure matinale, je me satisfais des petites gorgées de tisane menthe-réglisse qui me réchauffe la gorge et le ventre.
Je me réjouis de ces quelques lignes, qui me rappelle que l’écriture est mère de miracle et que la lecture est sa fille.
Je lis, bientôt lisais, « Gouverneurs de la Rosée » de Jacques Roumain.
Un autre beau roman sur la vie et son caractère précieux.
Une autre histoire qui me fait me dire qu’on a désappris à vivre nous autre ici bas.
Vit-on encore la vie pour ce qu’elle est ou uniquement pour ce qu’elle peut nous rapporter?
Moi, j’ai l’impression qu’on ne vit plus.
En tous cas en cette journée vieille de deux heures à peine, je me suis roulée une cigarette, j’ai fait du thé et je lis la vie des autres en pensant à peine à la mienne.
Je baisse la garde sur mon mécontentement perpétuel.
J’écoute les criquets qui se chamaillent dans cette nuit qui entoure mon heure magique.
Je finis ma journée avec les gouverneurs de la rosée.